une main qui tient une guitare

Perspectives

Cryptomonnaies : dissiper le flou

La montée en puissance des cryptoactifs secoue fortement le secteur financier à l'échelle mondiale, tout en ouvrant de formidables débouchés. Mais la difficulté d'imposer un cadre réglementaire au Canada incitera-t-elle les pionniers à s'exiler?

Le b.a.-ba de la cryptomonnaie et de la chaîne de blocs

Une cryptomonnaie est une forme sécurisée de monnaie virtuelle dont l’utilisation est rendue anonyme par le recours à la cryptographie. L’information relative aux transactions et aux achats n’apparaît que sous la forme d’un code indéchiffrable. Le bitcoin a été la première cryptomonnaie.

Une chaîne de blocs est une sorte de registre virtuel où sont inscrites toutes les transactions en cryptomonnaie.

Le mot « bouleverser » semble galvaudé : la moindre innovation est présentée comme si elle allait complètement changer la donne même si, en fin de compte, il n’en est rien. Nous avons pourtant toutes les raisons de qualifier de révolutionnaire l’invention du bitcoin et de la technologie de la chaîne de blocs qui le sous-tend.

Les cryptomonnaies, les chaînes de blocs et les opérations financières informatisées qu’elles permettent transforment la gestion des chaînes d’approvisionnement, la passation de contrats, les modes de paiement, les services bancaires et les transactions immobilières. Et de nouvelles applications de la technologie sont trouvées chaque jour.

Des marges au grand jour

La cryptomonnaie a d’abord été le créneau des mages de la technologie, qui préféraient ce système monétaire électronique poste à poste à la monnaie fiduciaire, pour deux grandes raisons :

  • les banques centrales sont écartées de la création et du contrôle de la monnaie;
  • les frais de service sont grandement réduits par l’absence d’intermédiaires.

Depuis les marges de l’écosystème financier, la cryptomonnaie chemine désormais résolument vers l’avant-scène.

Certaines des grandes institutions financières du Canada s’intéressent maintenant à l’avènement de la cryptomonnaie et à son incidence sur leurs opérations. Elles mettent à l’essai les technologies de chaîne de blocs et cherchent des façons d’aider leurs clients à réaliser des opérations en cryptomonnaie. Selon les experts, ce n’est qu’une question de temps avant que l’une d’elles passe à l’action.

          La Banque du Canada envisage même la création de sa propre monnaie virtuelle.

Les créateurs de cryptomonnaies commencent d’ailleurs à trouver certains avantages aux marchés traditionnels, qui pourraient conférer davantage de crédibilité à leurs produits. De fait, un nombre grandissant d’entre eux aspirent à une réglementation plus rigoureuse de cet espace, qui effacerait en partie les stigmates que portent les cryptoactifs depuis leur création.

La réglementation marque le pas

Les autorités, au Canada comme ailleurs, ont du mal à réglementer les cryptomonnaies, tandis que des applications toujours plus innovantes de la chaîne de blocs voient le jour. Comment expliquer ce piétinement? En partie parce qu’il s’agit d’une technologie et qu’en règle générale, la loi ne régit pas la technologie elle-même, mais certaines de ses utilisations.

À cela s’ajoute cette question essentielle : faut-il considérer les cryptomonnaies comme des valeurs mobilières? Les organismes de réglementation canadiens n’ont pas encore arrêté leur position sur le sujet, ce qui complique la vie des acteurs du secteur, qui souhaitent la création de bourses de cryptomonnaies. L’incertitude pousse certains développeurs canadiens à envisager d’établir ailleurs le siège de leurs activités.

Perspectives

Les autorités vont rattraper leur retard : elles n’ont pas d’autre choix. Nous verrons alors apparaître dans le paysage de plus en plus d’investisseurs avertis, notamment :

  • des fonds offrant, aux institutions comme aux particuliers, des placements adossés à des cryptoactifs;
  • des entreprises qui veulent créer des plateformes d’échange de cryptomonnaies;
  • des entrepreneurs voulant lancer une première émission de cryptomonnaie ou créer des systèmes d’entreposage et de garde d’actifs numériques.

Nous conseillons d’ores et déjà des entreprises établies et de jeunes pousses de tous les horizons qui cherchent à s’établir dans cet espace nouveau et dynamique. Pour assurer leur succès, les cabinets comme le nôtre ont tout intérêt à collaborer avec les commissions de valeurs mobilières et autres autorités du domaine, pour cerner et résoudre rapidement les questions de politique générale.

Une chose est sûre : ces technologies ne sont pas des feux de paille; elles continueront de surprendre et de bouleverser en profondeur le monde des affaires et de la finance. Plus vite le pays se dotera d’un solide cadre réglementaire, mieux les entreprises canadiennes pourront tirer parti de toutes les possibilités qui s’offrent à elles.