Nos étoiles : Isha Khan, Musée canadien pour les droits de la personne
Lorsqu’Isha Khan a été sélectionnée par le gouvernement fédéral en 2020 pour diriger le Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg, elle a vite constaté qu’il s’agissait pour elle du poste parfait pour mettre à profit son expertise à la fois dans le domaine juridique et celui des droits de la personne.
L’associée de BLG Laurie Goldbach, qui a côtoyé Isha à la faculté de droit, s’est récemment entretenue avec elle pour retracer son parcours professionnel, de ses débuts au cabinet à ses fonctions actuelles. Il a également été question de la manière dont le Musée contribue au dialogue sur les droits de la personne et la culture autochtone au Canada.
À la tête d’un établissement d’exception
Isha a travaillé pendant près de 10 ans à la Commission des droits de la personne du Manitoba, notamment comme directrice générale et conseillère juridique, avant de devenir directrice générale du Musée. C’est là qu’elle a trouvé chaussure à son pied.
À cette époque, elle avait déjà défendu avec succès d’importants projets à l’échelle locale et provinciale, comme la mise en place de signaux sonores à tous les passages piétonniers à Winnipeg, de même que l’ajout d’une troisième option de genre sur les certificats de naissance au Manitoba. En se joignant à l’équipe du jeune Musée, créé en 2014, Isha était enthousiaste à l’idée de piloter la mission de défense des droits de la personne et de responsabilisation de l’établissement, notamment pour ce qui touche la préservation de la dignité et le respect de tout un chacun.
Le Musée canadien pour les droits de la personne est l’un des six musées nationaux du pays, le premier à ouvrir à l’extérieur de la région de la capitale nationale, et le seul à l’ouest d’Ottawa.
« Nous avons donc un mandat national, soit celui de favoriser une meilleure compréhension des droits de la personne à l’aide de références principalement canadiennes. Mais notre emplacement spécifique joue aussi un rôle et nous sommes bien présents dans la collectivité. Nous avons à cœur d’y établir des relations solides pour découvrir des perspectives sur toutes sortes d’enjeux, y compris internationaux. »
Les expositions actuelles allient la musique avec des mouvements culturels et politiques, explorent l’activisme des jeunes et les changements climatiques, et braquent les projecteurs sur l’enlèvement des femmes en temps de guerre. Dans tout ce que fait le Musée, la justice sociale, l’inclusivité et la diversité sont primordiales. L’établissement est physiquement accessible à tou·tes et consolide toujours davantage sa popularité en ligne, ces dernières années.
« La pandémie a frappé peu après mon arrivée, et des écoles de partout en Amérique du Nord et d’ailleurs ont commencé à participer à nos visites virtuelles. Nous avons alors vu notre nombre de visites scolaires grimper de quelques milliers d’élèves par année à plusieurs dizaines de milliers. Il y a aussi beaucoup d’adultes, entre autres des étudiant·es universitaires, qui s’intéressent à nos expositions virtuelles. Je dirais toutefois que ce qui est le plus touchant est de voir les gens apprendre sur place et d’entendre de quelle façon le Musée leur a ouvert les yeux. »
Vérité et réconciliation : pleins feux sur les perspectives autochtones
« Le Musée est situé au confluent des rivières Rouge et Assiniboine, sur des terres sacrées visées par le Traité no1, où les peuples autochtones se rassemblent depuis des temps immémoriaux. La vallée de la rivière Rouge est par ailleurs le berceau du peuple métis. Les musées ne doivent rien cacher. Nous avons la responsabilité d’honorer le passé et de suivre le mouvement vers la vérité au Canada. »
Chaque année et encore cet automne, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation nous encourage à avoir de sérieuses discussions au sujet du colonialisme au Canada. Comme directrice générale du Musée, Isha a toujours eu à cœur d’établir des relations avec les communautés autochtones et leurs aîné·es. Elle collabore étroitement avec eux notamment pour aborder des sujets difficiles comme l’époque des pensionnats autochtones.
« Nous avons travaillé avec un grand artisan sculpteur de l’Ouest canadien, Carey Newman, qui a rassemblé 800 objets récupérés sur les sites de pensionnats autochtones dans le but de donner une voix aux survivant·es. Cette magnifique œuvre s’intitule Couverture des témoins et, en vertu de l’entente spéciale de gérance que nous avons avec Carey, n’appartient à personne, comme l’histoire qu’elle raconte. Une combinaison de principes de droit traditionnel, de droit autochtone et de common law a rendu cet accord possible. »
La Couverture des témoins a fait le tour de l’Amérique du Nord pendant plusieurs années et est enfin de retour au Musée. Vous pouvez l’explorer à l’adresse couverturedestemoins.ca.
Actrice de changement : son parcours d’avocate en droits de la personne
À ses débuts comme juriste, Isha a d’abord été attirée par le domaine du litige en général, puis par le droit du travail et de l’emploi. Avec du recul, elle attribue une grande partie de son succès dans le secteur public à ses huit années chez BLG.
« En pratique privée, j’ai appris la rigueur, la discipline et la valeur de mon travail, ne serait-ce qu’en consignant mes heures facturables. J’ai développé une boîte à outils qui m’a aidée plus tard au public. »
« Le droit du travail et de l’emploi est très centré sur l’humain. J’ai donc touché à plusieurs enjeux de droits de la personne quand j’œuvrais dans ce domaine. L’un des sujets brûlants à l’époque était notamment la prolongation des congés de maternité et parentaux au Canada. J’y ai consacré une bonne partie de ma pratique, et l’idée de protéger et de favoriser l’intérêt public m’a suivie dans les chapitres suivants de ma carrière. » Les compétences de plaidoirie qu’Isha a acquises chez BLG lui sont toujours utiles aujourd’hui, entre autres lorsqu’il est question de représentation.
Avocat·es novices, Isha vous conseille ceci : « Ne faites pas que des choses qui servent vos objectifs personnels. Siégez à des conseils ou, si vous êtes encore aux études, trouvez-vous un emploi à temps partiel; exposez-vous à des contacts avec toutes sortes de gens. C’est ainsi qu’apprennent les meilleur·es juristes! »
Si la directrice générale le dit!