Nos étoiles : Dominic Jaar, KPMG
Aujourd’hui associé et leader régional, Services-conseils – Management chez KPMG, où il évolue depuis 13 ans, Dominic Jaar a la piqûre de la technologie depuis toujours. Il a été l’un des premiers blogueurs juridiques du Québec, et c’est chez McMaster Meighen, qui allait devenir McMaster Gervais puis BLG, qu’il a fait ses premiers pas professionnels.
Au cours d’un entretien avec notre associé Stéphane Richer, qu’il connaît depuis le début de sa carrière, Dominic a retracé son parcours de juriste et l’évolution, en parallèle, de la technologie.
La vie en code et en pixels : journal d’un technophile
Alors que la technologie informatique commençait à s’imposer à la vitesse grand V dans les espaces de bureau – c’était l’époque de la transition vers les courriels en remplacement des dictaphones, puis des balbutiements du format PDF –, Dominic se souvient avoir été frappé par l’absence des juristes dans la gestion des avancées technologiques. Après avoir fait partie du comité de rédaction des principes SEDONA Canada, lui-même s’était intéressé, entre autres, aux possibilités que faisait miroiter la preuve électronique, une solution encore inédite aux immenses volumes documentaires à gérer.
« Ce qui me fascinait, c’était à quel point l’implantation de nombreuses technologies avait une incidence directe sur la façon dont on travaillait, sur notre efficacité, sur la qualité de nos services, sur notre compétitivité aussi, mais qu’elle n’impliquait pas d’avocats », raconte-t-il.
Dominic, quant à lui, s’était senti suffisamment interpelé pour fonder sa propre compagnie, Ledjit Consulting, spécialisée en gestion de l’information et administration de la preuve électronique. Non seulement allait-il y obtenir le succès espéré, mais il allait aussi se tailler une solide réputation dans le milieu. Au fil des ans, Dominic allait recevoir à un âge particulièrement jeune la distinction Avocat émérite (Ad. E.) du Barreau du Québec, de même que le Mérite Innovations – Accès justice.
En acquérant Ledjit Consulting, KPMG s’est aussi adjoint un spécialiste de premier plan.
La preuve électronique et le Québec d’aujourd’hui
Bien des années plus tard, Dominic attend toujours un changement de culture quant à la preuve électronique. En dépit de l’incidence récente de la COVID sur la transformation numérique, il estime que le Québec a encore du rattrapage à faire par rapport à ce qui se fait ailleurs sur le plan de l’obtention et de l’échange de preuve.
« Ces dernières années, beaucoup de cabinets juridiques, dont BLG, se sont dotés de capacités technologiques et de capacités de soutien qui auparavant étaient externalisées, nuance-t-il. Ça démontre une appropriation de la technologie. »
Pour autant, il estime que le progrès n’a pas été aussi important que plusieurs l’auraient souhaité, une situation qu’il n’attribue pas exclusivement au système judiciaire, alors qu’il est de bon ton de blâmer l’infrastructure disponible en salle d’audience.
« Je pense que la journée où les avocats plaidants vont décider que la meilleure façon de faire, c’est de recourir à la preuve électronique, ils vont trouver le moyen de s’en servir en salle d'audience, peu importe l’infrastructure qui est mise à leur disposition. »
Au-delà des réseaux informatiques, les réseaux humains
Aux jeunes professionnel·les en début de carrière qui souhaitent à leur tour s’imposer comme figure marquante de leur domaine d’activité, Dominic recommande un investissement en temps, notamment au sein d’une dynamique d’apprentissage en continu. Mais il souligne aussi l’importance d’investir du temps auprès de leurs clients et des autres professionnel·les qui les entourent, question de mieux les connaître.
« Je pense que pour être présent dans le marché, ça vaut la peine de rencontrer nos clients régulièrement en personne. »
Alors qu’il cultive depuis longtemps son propre réseau de contacts, aujourd’hui Dominic lance plusieurs fleurs aux membres de BLG qui ont marqué ses premières années de pratique.
« Entre autres, Doug Mitchell, François Morin et Jacques Gauthier, qui m’ont donné ma première chance. François Rioux et Jacques Darche, qui m’ont appris les rudiments de la pratique. Bruno Duguay, qui a été mon premier client quand j’ai démarré ma business. »